Depuis son indépendance en 1960, la République de la Haute-Volta, devenue en 1984 Burkina Faso, est un pays en proie à l’insécurité ; une insécurité qui s’est accrue depuis la fin des années 2010.
Une succession de coups d’État
Après son indépendance en 1960, le Burkina Faso a connu des problèmes sécuritaires. Ceux-ci sont notamment liés aux fréquents bouleversements politiques, caractérisés par des coups d'État à répétition. Il y a par exemple eu la prise de pouvoir du lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana en 1966, le coup d'État de Saye Zerbo en 1980, ou encore le coup d'État militaire mené par Thomas Sankara en 1982. Sous le régime de Blaise Compaoré de 1987 à 2014, le pays a connu des périodes de violences politiques, de mouvement sociaux ou d'oppression, comme avec l'assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998 alors qu’il dénonçait la corruption du gouvernement. En 2014, Blaise Compaoré a fait face à un soulèvement populaire contre son projet de modification de la loi limitant le nombre de mandats. Cela a conduit à sa démission et à l'élection de Roch Marc Christian Kaboré en 2015.
La guerre contre le terrorisme
Dès 2015, le pays a fait face à une crise sécuritaire de plus une grande ampleur en raison de la montée en puissance du terrorisme dans les régions frontalières avec le Mali et le Niger. La première grande attaque terroriste en janvier 2016 a marqué le début de l'extension de la guerre du Sahel au Burkina Faso, un conflit armé opposant les pays du Sahel à des groupes djihadistes souvent liés à Al-Qaïda ou à l’État Islamique. Dès lors, Schola Africa a été contraint d’envisager la fin des missions sur place. Durant la première mission de l’année 2018, l’attentat du 2 mars dans la capitale ouagalaise a définitivement signé l’arrêt des missions de l’association dans le pays.
En février 2019, la ville de Kaïn a été attaquée, entraînant la mort de 14 civils. L'insécurité croissante a conduit à la création de milices d'autodéfense, appelées « koglwéogo », mobilisant entre 20 000 et 45 000 membres. En mai 2020, plusieurs attaques djihadistes ont causé près de cinquante morts à Kompienga, suivies en juin 2021 à Solhan par l'attaque la plus meurtrière, qui tua plus de 160 personnes. En six ans, les violences ont déjà engendré plusieurs milliers de morts, exacerbant les défis sécuritaires au Burkina Faso.
La situation actuelle
En 2022, le Burkina Faso a été secoué par deux coups d'État successifs, avec des conséquences dévastatrices sur la stabilité et la sécurité du pays. En janvier, le premier putsch mené par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a conduit au renversement du président Kaboré. Justifiant son existence par l'incapacité du gouvernement à gérer les insurrections djihadistes, ce coup d'État a plongé le pays dans une véritable descente aux enfers. En quelques mois, les forces djihadistes ont pris possession de plus de 40% du territoire. Ainsi, fin septembre 2022, un deuxième coup d'État orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré, a mis fin au gouvernement de Damiba.
Depuis cet événement la situation ne s’est pas améliorée. Des attaques meurtrières organisées par les groupes terroristes sont toujours fréquentes : le 17 février 2023, au moins 51 soldats ont été tués dans une embuscade de l'État islamique à Tin-Ediar. Le 15 avril, au moins 40 soldats ont été tués à Aoréma. De plus, l'armée burkinabé est elle-même accusée de violations des droits humains, notamment dans le massacre de près de 150 civils à Karma le 20 avril 2023. Ainsi, le gouvernement actuel semble être incapable d’assurer la sécurité de la population et, au contraire, participe à cette crise sécuritaire.
Des conséquences dramatiques
D'après les informations du gouvernement burkinabé en 2022, près de 1,9 million de personnes, dont 940 000 enfants, ont été déplacées à l'intérieur du pays en raison des violences et de l’insécurité. Ces dernières affectent les besoins fondamentaux et les sources de revenu de la population sur 40 % du territoire. L'accès aux champs et aux marchés s’est dégradé, entraînant des difficultés pour certaines familles à satisfaire leurs besoins. En août 2022, les Nations Unies ont revu à la hausse le nombre estimé de Burkinabés nécessitant une assistance humanitaire, portant ce chiffre à 4,9 millions. Parmi eux, environ 3,4 millions de personnes se trouvent en situation d'insécurité alimentaire sévère.
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