Le 23 janvier 2023, le gouvernement burkinabé exige aux troupes françaises présentes sur le territoire de quitter le pays. Ces troupes étaient sur place depuis 2012 dans le cadre de la mission Barkhane pour lutter contre le terrorisme au Sahel. Cela fait suite aux deux putschs qui ont eu lieu en 2022 au Burkina Faso, et au sentiment anti-français dans la région, qui s’est traduit notamment par l’attaque de l’ambassade de France à Ouagadougou en octobre 2022.
Avant la fin du XIXe siècle, le Burkina Faso était composé de différents royaumes. En 1896, il devient une colonie française. En 1898, l’essentiel de l’actuel Burkina Faso est conquis par les troupes françaises. La colonie est rattachée à l’Afrique-occidentale-française (AOF) et en 1919, elle prend le nom de Haute-Volta, nom d’un fleuve qui prend sa source dans le pays et se déverse dans le golfe de Guinée. Des milliers d’ “indigènes” (nom utilisé pour désigner les personnes non-françaises durant la colonisation) sont envoyés au front pendant la Première Guerre mondiale pour former le bataillon de tirailleurs sénégalais. La population indigène est aussi fortement discriminée. Par exemple, les enfants sont interdits d’utiliser une bicyclette.
Après la Seconde Guerre mondiale, plus d’autonomie est accordée à la colonie afin que les autochtones gèrent localement le territoire. Des élections ont lieu pour élire un parlement et en 1960, la république de Haute-Volta obtient son indépendance. Mais la France tente de garder un lien étroit avec ses anciennes colonies: la monnaie est - même encore aujourd’hui - le franc CFA, le pays est francophone et membre de l’organisation de la francophonie depuis 1970. De plus, le système éducatif est très ressemblant au système actuel français. C’est d’ailleurs parce que le pays est francophone et que le système éducatif est proche du système français que Schola Africa agit dans ce pays.
La France exerce aussi une influence politique et militaire avec des accords de défense et des ingérences dans la politique du pays, mais aussi avec l’aide au développement. La politique française est ainsi qualifiée de “Françafrique”. Cela montre à quel point la France tente de garder un lien fort avec ses anciennes colonies africaines.
Peu à peu, des voix se font entendre pour contester cette relation “postcoloniale” et obtenir plus de souveraineté. C’est notamment dans ce contexte que Thomas Sankara devient chef du gouvernement en 1980 et critique ouvertement la relation de la France avec le pays. Il renomme notamment le pays “Burkina Faso” (littéralement le “pays des hommes intègres”)afin d’effacer l’héritage colonial. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire notre article sur le sujet !
Mais après le coup d'État qui causa la mort de Thomas Sankara, le pays renforce sa relation avec la France, car Blaise Compaoré est très proche du gouvernement français. Il a entretenu des liens économiques étroits avec la France par le biais des entreprises françaises présentes sur le territoire burkinabé. Il a aussi servi de médiateur régional pour servir les intérêts de la France notamment lors de la guerre civile ivoirienne dans les années 2000. En échange, il avait le soutien tacite de la France dans son régime autoritaire qui a duré près de 27 ans.
Après la chute de Blaise Compaoré suite à des manifestations en 2014, le sentiment anti-français se propage, car les Burkinabés accusent la France d’avoir favorisé son exil en Côte d’Ivoire. Mais avec l’instabilité politique et l’insécurité croissante, la France intervient militairement dans le pays dans le cadre de l’opération Barkhane pour le sécuriser. Elle est rapidement critiquée à cause de son enlisement et son incapacité à contrer les attaques terroristes. La jeunesse se mobilise pour critiquer une France qui serait plus présente pour protéger ses intérêts économiques que pour sécuriser le pays.
Ainsi, deux coups d’État ont lieu en 2022 dont le dernier porte Ibrahim Traoré au pouvoir dans un contexte de larges manifestations anti-françaises. Le nouveau chef du gouvernement ordonne ainsi à l'armée française de quitter le pays, au profit de soldats russes. Aujourd’hui, les relations économiques et diplomatiques entre la France et le Burkina Faso ont fortement diminuées et la Russie s'attelle à progressivement prendre la place de la France au Burkina Faso.
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